Citoyens : quelle opinion publique se construit avec internet ?
J’étais l’invité des 4e Rencontres nationales de la communication numérique, organisées par Cap’Com en 2012 sur le thème « Citoyens connectés, citoyens contrôlés – Quelle opinion publique se construit avec internet ? ». Après avoir tenu le fil rouge de la première journée, j’animais l’atelier sur la gouvernance numérique : « Collectivités et socialmedia, comment s’organiser en interne ? »
« Le hacker est surtout un citoyen avec des revendications qui doivent être écoutées… »
La matinée débute par une table-ronde et l’échange de points de vue très différents.
Loin des attaques symboliques des pirates masqués d’Anonymous, la cyberguerre est apparue depuis 2007. Le « hacker » est souvent diabolisé à travers les stéréotypes des « geeks en colère contre la société ». Mais il est surtout un citoyen avec des revendications qui doivent être écoutées si l’on en croit KhéOps, hacker membre de Télécomix et activiste sur le terrain de l’Internet syrien, pour lequel il trouva des moyens de contourner la censure de l’État. Certains actes de piraterie consistent à mettre en place des systèmes de contournement et d’anonymisation pour que les individus puissent se connecter en cas de censure et ainsi contourner les politiques publiques en matière de numérique. KhéOps témoigne : « si le gouvernement a accès aux adresses IP et aux données personnelles, il existe des logiciels libres comme Tor pour s’affranchir de ces chaînes électroniques. »
Par ailleurs, les nouvelles techniques de stockage informatique, comme le cloud computing, amènent de nouveaux risques liés à la protection des données. Les collectivités doivent donc apprendre à protéger leurs données stockées dans « le nuage ». Le défi est désormais d’apprendre à se prémunir contre ces actes malveillants. Mais le cloud computing offre également une transparence accrue des données étatiques ou des organismes privés, et peut, s’il n’est pas encadré, se transformer en outil d’inspection pour statuer sur la légalité des données des organisations.
Selon Jean-Christophe Guisnel, présent à cet atelier et journaliste spécialiste des questions militaires et de renseignement, l’infoguerre est donc déclarée. L’acquisition de renseignements stratégiques et l »utilisation des réseaux pour la surveillance des citoyens caractérisent l’émergence de ce conflit de l’information 2.0. Comme le souligne Jean-Christophe Gallien, docteur en Sciences Politiques, ce n’est pas la surveillance mais le renforcement de la démocratie qui doit passer par la révolution digitale qui est en marche. Cette révolution est le moteur de changements et de progrès de la démocratie, mais elle pose également de nombreuses entraves à son épanouissement.
« La démocratisation de l’open data implique également de rendre ces données compréhensibles par les citoyens »
Tout l’après-midi du jeudi a été consacré aux outils innovants qui construiront la communication publique de demain. Formations et ateliers participatifs (Labfab, Twitter pour les nuls, démonstration de contrôle cerveau-ordinateur), table numérique et autres technologies de demain sont exposés dans le showroom.